17, 23 décembre 2005, Noël

 

1973, la Whitbread, première course autour du Monde en équipage, s’arrête pour l’escale de Sydney.

Les écarts de temps entre les bateaux à l’arrivée sont en rapport avec leurs différences évidentes. Il y a là Pen Duick VI, son abri « anti vagues » et son lest en uranium qui en avait fait hurler plus d’un, Raph, un bateau léger pour l’époque, confié à Alain Glicksmann et à une bande de sympathiques fous furieux, Kriter, avec un équipage de frères de la côte, et la bénédiction de la boisson à bulles, les Polonais, qui montrent un courage et une détermination hors du commun à boucler la boucle sur un esquif qui nous inciterait à la prudence pour faire seulement le tour de la baie…

Il y a la Rolls, « Sayula », un Swann 65 mexicain, qui arrive comme une fleur, et semble prêt à repartir sur l’heure.

Grand Louis, goélette moderne armée par André Viant, chef d’entreprise qui fait son tour du monde en famille, a été spécialement mis à l’eau pour cette aventure.

Au milieu de toute cette armada hétéroclite qui déboule à Sydney en provenance de Cape Town, ce mois de décembre 1973, je me retrouve un peu perdu parmi les grands, occupé que je suis à préparer un départ pour la course Sydney Hobart, le « Fasnet » austral, la course que pas un marin ne manquerait lorsqu’il a l’occasion d’y participer.

André m’a rencontré sur les quais, et m’a tout naturellement invité au réveillon de Noël à bord de Grand Louis, avec tout son équipage, toute sa famille.

Des bouteilles avaient été sauvegardées, malgré les tempêtes de l’Océan Indien et les coups de blues du pot au noir, Quelques plateaux de canapés circulaient, qui n’avaient rien à envier à ceux de la réception au Consulat de France.

Malgré la chaleur, il y avait de la buée aux hublots, sur lesquels on pouvait dessiner des arbres de Noël. C’est étrange, avec le temps, je crois même revoir une cheminée allumée dans le coin du carré…

On a déballé des cadeaux pour chacun, on a parlé de la course, bien sûr, mais aussi de ceux qui étaient de l’autre coté de la terre, si loin et si près.

Grâce à l’amitié, à la l’ouverture des vrais marins, j’ai participé à un vrai conte de Noël.

Je vous souhaite d’en vivre d’aussi forts.