22, 27 janvier 2006, Marées

 

Les Méditerranéens trouvent cela à la fois fascinant et magique, un tantinet déroutant pour leurs habitudes, et nous traiteraient parfois de sorciers…

Les Malouins, avec leurs douze mètres de marnage, considèrent que nous sommes des petits joueurs, et que nos paysages marins sont presque statiques par rapport aux leurs.

Quand on parle de marées, de hauteurs d’eau, de jusant et de flot, de pleine mer et d’étale, de morte eaux ou de grandes marées, on glisse le doigt dans un secteur primordial non seulement pour la navigation, mais aussi pour tout ce qui concerne la vie du bord de mer.

Le bassin intérieur du port de La Rochelle, lorsque l’eau arrive jusqu’au-dessus des cales et des plans inclinés et que les pontons surplombent presque le quai Valin, s’impose d’une présence encore plus forte, et le bassin des tours, le havre d’échouage, quand il fait apparaître les mystérieux méandres dans ses mottes de vase, et que les mouettes y laissent leurs traces erratiques, évoque un je ne sais quoi de magique, deux fois par jour renouvelé.

On sait, en fonction des heures de marée, si le pont du Gabut risque de s’ouvrir à la navigation, de se fermer à la circulation, le temps de laisser passer un plaisancier, un bateau de grande croisière en escale prolongée, ou même un pensionnaire du Musée maritime qui va vérifier en mer qu’il est encore capable de naviguer.

Et quand on passera le pont de Ré, en fonction du vent et de la marée, on pourra s’attendre au ballet un peu fou des kite surfs, ou aux arabesques des chars à voile sur la plage de Rivedoux.

Plus loin, au Martray, on prendra conscience de l’isthme entre pertuis d’Antioche et Breton, et du fait que l’on peut toucher la mer, de chaque coté de la route. Ou alors, au même endroit mais avec six heures de décalage, on admirera dans un horizon sans fin l’enfilade de la végétation échevelée des marais à demi asséchés pour un temps, et que fréquentent les oiseaux bien tranquilles dans leurs retraites.

La marée est un des acteurs majeurs de notre cadre de vie, tous les jours, elle nous joue son rôle, et nous permet, en grand régisseur, de profiter d’une infinité de décors.