28, 10 mars 2006, Petits plats

 

Bien que les bateaux soient très souvent utilisés en simple sortie de la journée, un des grands plaisirs du bord est et reste la cuisine.

C’est étonnant ce que l’on parvient à élaborer dans un espace exiguë, avec, souvent, un simple réchaud à deux feux, et un plan de travail emprunté à la table à cartes, au grand dam du navigateur…

Les meilleures recettes de bord seront relativement basiques. Elles pourront s’accommoder d’un certain à peu près dans leur réalisation, à peu près qui permettra au maître queue d’exprimer toute sa créativité immédiate. Elles autoriseront le remplacement de tel ou tel ingrédient par un autre, plus facile à transporter, à conserver et à mettre en œuvre.

Si le résultat peut être servi pendant une période prolongée, cela permettra aussi à ceux qui sont « de quart » de régaler, un peu plus tard, leurs papilles. Les plats longuement mijotés sont alors pain béni, car ils s’améliorent souvent lorsqu’ils sont réchauffés, quand il en reste…

Une ancienne méthode consistait à préparer, à la maison, une daube, une blanquette, un navarin, une de ces recettes de la tante Madeleine, à la mettre dans une cocotte minute, hermétiquement close, insensible aux mouvements désordonnés du bateau, et à la faire doucement réchauffer lorsque le besoin s’en faisait sentir. Au changement de quart de 4 h du matin, c’était un vrai bonheur…

Et la manière de faire bien et rapidement les choses simples, c’est le secret du bonheur des équipiers. Un bête œuf sur le plat, pour lequel on a émincé un petit oignon, fait revenir puis déglacer au vinaigre une tranche de poitrine fumée (pas sous plastique, une vraie du marché, que le charcutier a tranché à l’épaisseur voulue), que l’on a fait cuire en deux temps, en réservant le jaune pour qu’il ne soit pas trop cuit… Et l’on sert tout cela avec un toast grillé et un peu de beurre salé… Luculus brunche chez Luculus… Le mouillage de Rivedoux ou de l’île d’Aix prend sa troisième étoile…

Alors d’accord, les déshydratés, les plats tout prêts, les trucs en poudre, ça peut permettre de se nourrir, mais un peu de temps passé aux fourneaux, ce sera toujours magique.